L’immeuble RuNam

Après le café RuNam, voici l’immeuble RuNam dans lequel vous pourrez non seulement aller boire un café chic, mais aussi désormais, goûter à la cuisine de rue (mais pas dans la rue…) et shopper de beaux accessoires ou des vêtements de créateurs au dernier étage.

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Les café RuNam, j’en ai déjà parlé. Ce sont des lieux à la déco très soignée et chic. On aime ou on n’aime pas le concept mais je trouve que c’est particulièrement réussi.

Il y a désormais dans cet immeuble de la rue Phan Boi Chau, face au marché de Ben Thanh, le Cho An, un restaurant qui a pour objectif de faire goûter la cuisine de rue dans un lieu qui ne l’est pas. En fait, il s’adresse aux touristes qui n’osent pas tester cette cuisine sur un trottoir mais qui veulent tout de même goûter les plats simples et traditionnels du Vietnam. Il s’adresse aussi et surtout aux Vietnamiens qui travaillent dans ce quartier et qui veulent déjeuner simplement entre collègues. D’ailleurs, quand j’y étais, il y avait de grandes tablées de collègues vietnamiens et une famille vietnamienne avec enfants et petits-enfants (qui sont en vacances d’été en ce moment).

 

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Comme d’autres avant eux, les propriétaires ont repris l’idée de la petite cuisine ambulante que l’on voit partout dans la rue, poussée par une Vietnamienne qui propose une spécialité et une seule. Voire deux, à la rigueur. Il y a donc quelques « stands » qui, là servent un bún thịt nướng chả giò , là, un phở, là une salade au poulet et pomelo ( gỏi gà), là encore toutes sortes de bánh (du centre Vietnam)

 

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A ce jeu-là, quand même, le Nha Hang Ngon est le meilleur. Je n’ai pas parlé de ce restaurant dans mon blog car il est une institution ici et n’a nul besoin de moi pour se faire connaître. Mais je le recommande chaudement. Situé dans une ancienne maison coloniale, entièrement rénovée dernièrement, il propose aussi une très bonne cuisine vietnamienne mais aussi toute une variété de cuisine asiatique (japonaise, coréenne, thaï etc). Un must try... Je ne saurais choisir entre le banh chuoi du Cho An ou celui du Nha Hang Ngon. C’est un gâteau à la banane cuit à l’étouffée dans une feuille de bananier et nappé de crème de coco.

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Le restaurant Nha Hang Ngon

Au dernier étage de l’immeuble, vous trouverez un joli concept store, le Gà ô. L’idée du propriétaire est de proposer des vêtements et des accessoires de grande qualité, fabriqués au Vietnam. Des ao daï (vêtement traditionnel de la femme vietnamienne) de Hoang Thi à la collection masculine de Moi Dien, en passant par les accessoires en cuir de Cao Cuero et les robes légères et féminines de la designeuse Lam, la boutique offre un large choix de très beaux produits. La décoration contemporaine fait de l’endroit, lumineux et sobre, un lieu agréable. Voici les marques que vous pourrez y trouver:

Gà Ô, Áo Dài Hoàng Thị, Authentique, Cao Cuero, Eugenie Darge, Khế, Ladan, Moi Dien, Nha Xinh, Phi Pham, Tim Tay, Toongteeng by Fank, Sir Tailor, Runam Art, Lam Boutique.

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RuNam Tower, 40-42 Pham Boi Chau, district de Ben Thanh. Cho An au 3e étage. Gà ô au 7e étage (de 10 h à 2O h). Et le RuNam café au rez-de-chaussée.

Cocosin, chic et féminin

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Encore un magasin devant lequel je suis souvent passée pour rentrer chez moi sans m’y arrêter. Cette fois, j’ai garé ma moto et pris le temps d’entrer. Et quelle bonne surprise. Cocosin a tout pour plaire. 

Cocosin, c’est une mode à la fois chic et cool mais résolument féminine à prix très doux. La femme Cocosin est urbaine tout en étant très à l’aise dans ses vêtements. Les matières sont souples et les coupes ajustées mais pas trop. En clair, vous pourrez marcher dans la rue avec une jupe Cocosin et des talons sans avoir l’air d’une équilibriste… On trouve des tee-shirts basiques en coton, des jupes plissées très tendance ici et des robes chemises vraiment sympas. Les Vietnamiennes adorent le blanc et le noir qu’elles marient très souvent dans leur tenue. Comme ailleurs, vous trouverez les fameux pantacourts larges que l’on voit partout.

 

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J’y ai aussi repéré un bomber, très tendance l’été dernier, mais pourquoi pas prolonger? Kaki et joliment customisé avec une petite touche fleurie comme il faut. Le prix? 750 000 VND (à peine 30 euros). Et en plus, c’est fabriqué au Vietnam. Ici, on peut éviter la fast fashion des grandes enseignes si on cherche un peu. C’est aussi ma fille ado qui en profite désormais en lui expliquant pourquoi je préfère acheter chez ces petits créateurs.

img_4222Les tee-shirts ne dépassent pas les 350 000 VND (14 euros) et les robes sont entre 700 000 VND et 900 000 VND (30-35 euros). Côté chaussures, j’ai moins accroché avec ces petites choses roses aux pompons, très girly. Mais il y avait aussi ces chaussures noires pour équilibrer! Il faut surtout y jeter un coup d’oeil à chaque saison, les pièces partent vite et les collections sont renouvelées régulièrement.

Cocosin a plusieurs magasins: l’un se trouve au 49 Ham Nghi, dans le D1, à deux pas de la tour Bitexco; l’autre au 328 Vo Van Tan dans le D3 et le dernier au premier étage du mall Aeon à Binh Tan. 

Mon coup de coeur pour les sacs de Valérie Cordier

Les sacs et les pochettes de Valérie Cordier Paris-Hanoï ont un truc en plus. Colorés, associant cuir, matériaux de récupération et tissus ethniques, ils sont gais et pratiques. A Saigon, on ne présente plus la créatrice française. Vous ne la connaissez pas? La voici.

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© Emmanuel Hubert

Elle me reçoit dans son atelier, à Thao Dien, Hô Chi Minh Ville.  Un large sourire illumine son visage. Au milieu des tissus, échantillons de cuir, rubans et autre passementerie, elle prépare son nouveau départ. A 39 ans, cette globe-trotteuse s’apprête à quitter le Vietnam pour s’installer au Japon avec son mari. « Mais j’ai prévu de revenir souvent. Je continuerai à fabriquer ici. »

Originaire de Bordeaux, Valérie Cordier a quitté la France à 22 ans, après un bac littéraire et des études à l’école ESMOD, spécialisation costumes de scène. Est-ce parce que son père australien, lui a donné le goût de l’ailleurs très tôt? C’est en tout cas vers l’Australie qu’elle décide de s’envoler avec un visa d’un an pour un « working holiday ». A Sydney où elle travaille sur les costumes pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. « C’était un travail énorme mais hyper sympa. Il y avait des personnes qui venaient de partout, des couturiers, des designers. Tous les métiers de l’art réunis. »

De retour en France, elle tente de trouver un job dans la conception et la fabrication des costumes, à Paris. Elle fera un passage à l’Opéra Garnier dans l’atelier de confection. Et en 2002, elle répond à une annonce du programme Mobile Asie pour un stage remunéré au Vietnam.  » Je voulais repartir. C’était un stage de 6 mois chez Ipa-Nima, une entreprise en pleine expansion qui fabriquait des sacs. Finalement, ils m’ont proposé un poste de styliste-accessoires à Hanoi. D’année en année, on prolongeait le contrat. J’ai adoré mon boulot, on me donnait beaucoup de responsabilités. Ma boss venait de Hong-Kong. J’ai monté une collection, je me suis éclatée! Je ne crois pas qu’on m’aurait proposé cela en France, à mon âge. » Elle y restera 6 ans et demi.

Valérie ne connaissait pas le Vietnam, ni d’ailleurs l’Asie en général.

J’avais un peu d’appréhension. Je viens d’une famille plutôt latine, a priori très éloignée de la culture asiatique. Je ne suis pas tombée amoureuse du pays de suite. Mais j’ai appris à l’aimer. Le Vietnam m’a surprise. Et me surprend encore. Les Vietnamiens ont une grande insouciance et un grand sens de l’équilibre!

Lorsqu’elle quitte Ipa-Nima, Valérie Cordier trouve un emploi « développement et sourcing » chez Jamin Puech qui fabrique des sacs en cuir à Saigon. Au bout de deux ans, elle décide de monter sa boîte. « Je suis attirée par la déco, les meubles mais pas les vêtements parce qu’il y a trop de contraintes. Dans le domaine des sacs, beaucoup moins et je peux laisser libre cours à mon imagination. «  Elle se lance. « J’ai eu du mal à trouver mon propre style. » La jeune femme conçoit une première collection en 2010, « très belle, mais aux coûts de revient excessifs. » Sans partenaire commercial, point de salut.

Je me suis demander: que sais-je faire le mieux? Transformer les matériaux. Au Cambodge, j’ai observé leur façon de recycler les sacs alimentaires. J’ai compris que je pouvais en faire quelque-chose avec ma qualité, mes détails, des doublures, des matériaux solides…

En 2011, elle lance une collection avec 5 formes de sacs différentes. « Toutes les finitions sont en cuir. Et je n’utiliserai jamais de synthétique. » Elle définit elle-même ses créations comme des objets « pratiques, solides, gais et colorés. Les gens qui les achètent ont un gros flash. » Je crois savoir de quoi elle parle. Porte-feuilles, pochettes, besaces, cabas, sacs de plage… Le choix est vaste.

 

Pour la dernière collection hiver, Valérie Cordier a ajouté davantage de noir et propose des sacs aux portraits latinos ultra-colorés. Un travail d’impression réalisé en collaboration avec la créatrice Eugénie Darge, dont les housses de coussins aux portraits indochinois font un tabac au Vietnam.

Où trouver les créations de Valérie Cordier à Hô Chi Minh Ville ? Au fameux concept-store L’Usine et chez Little Anh Em. A Hanoi aussi chez Tan My design et l’Atelier. Et sur sa boutique en ligne.

Valérie Cordier ouvre les portes de son atelier à Saigon et propose ce samedi 10 septembre 2016 des offres spéciales sur certains modèles. Détails et infos pratiques ici.

 

Au bout de l’impasse…

Parce que l’art de vivre se décline au pluriel, parlons ici cuisine et mode. 

Bep Me In est un nouveau venu à Hô Chi Minh Ville.  Le restaurant est tenu par un Français qui est aussi le propriétaire du Quan Ut Ut, un barbecue américain qui fait d’excellents burgers et des viandes grillées délicieuses.

L’emplacement est idéal pour les touristes qui font leur shopping au marché de Ben Thanh. Bep Me In se trouve derrière le marché au 136/9 + 10, Lê Thánh Tôn dans le District 1. Il faut s’engouffrer dans une petite impasse sous un porche pour aboutir à une allée abritant également deux autres restaurants dont un spécialisé dans la cuisine de Hué. Entre-temps, vous n’aurez pas manqué d’être interpellé une dizaine de fois par des jeunes femmes qui vous proposeront une manucure, une pédicure, un shampoing ou juste un massage sous ce fameux porche où elles ont installé leur salon respectif et…minuscule. Au Vietnam, le moindre espace est utilisé à bon escient.

L’objectif est de proposer une cuisine familiale vietnamienne. La carte n’est pas exhaustive mais les produits sont frais, cuisinés sur place… Comme à la maison. Au rez-de-chaussée, le propriétaire a souhaité recréer l’ambiance d’un restaurant de rue populaire où l’on mange assis sur de petits tabourets bleus et rouges.

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A l’étage, changement de décor. La déco fait davantage penser à un restaurant vietnamien traditionnel. Joli, simple mais efficace.

Dans l’assiette, vous découvrirez, si vous ne les connaissez pas encore, des plats traditionnels vietnamiens comme le bành xèo (crêpe vietnamienne du delta du Mékong), le bun thit nu’ong chià gio (nouilles de riz avec des nems et des herbes aromatiques), des brochettes aux crevettes (un must try)  mais aussi un délicieux riz gluant à la mangue ou un flan coco non moins savoureux. Le midi, vous pouvez choisir la formule déjeuner servie entre 11 h et 14 h avec le traditionnel bouillon de légumes, une viande grillée, un bol de riz, les légumes du jour et un fruit. Sans oublier le thé glacé.

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Ne manquez pas de jeter un coup d’oeil dans le magasin de vêtements et accessoires vintage, Mayhemsaigon, très fréquenté par les jeunes Saigonais, qui se trouve au fond de l’allée, premier étage, au bout d’un escalier ancien. Oui, on a le sentiment d’entrer dans un appartement privé mais non. Et on y trouve des trésors… Pour vous en convaincre, jetez un oeil au compte Instagram de Mayhem. La plupart des fripes sont importées du Japon où les friperies sont très présentes en ville.

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Mayhem©Anyarena

Le Saigonais boutique-café

Je connais Le Saigonais depuis bien longtemps, je passais en moto dans la rue Ly Tu Trong, en plein centre-ville et en levant les yeux, je voyais cette terrasse et je me disais toujours qu’il fallait que je m’y arrête. D’ailleurs, il me semble qu’auparavant, Le Saigonais était plusieurs… Et s’appelait Les Saigonnais.

J’ai donc fini par m’y arrêter. Sans déception aucune. Au bout d’un petit escalier, il s’affiche sur les murs au premier étage, engageant et pourtant si discret…

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On y vient pour se poser, prendre un café, un thé ou une infusion (a blended herbal tea cafeine free!). C’est vraiment un endroit calme pour discuter ou travailler avant de rejoindre le tumulte de Saigon. La décoration allie les styles vintage et industriel avec le comptoir riveté et les piliers en aluminium, sur fond de bleu indigo.

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L’adresse est aussi la boutique de la créatrice Dieu Anh, très connue au Vietnam. La jeune femme est notamment passée par l’Ecole de la Chambre syndicale de la couture parisienne en France. Le nom de sa boutique-café en découle peut-être? Sa dernière collection était fortement inspirée par l’élément liquide. Très colorée, elle utilise les matières précieuses pour des coupes structurées ou au contraire très fluides. Dieu Anh est une référence pour la femme moderne vietnamienne. On trouve aussi des accessoires et des produits cosmétiques naturels. Allez, c’est sûrement davantage un endroit pour les filles mais les garçons s’y sentiront bien aussi…

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Efaisto, une autre façon de consommer

Bernard Seys, un jeune Belge de 28 ans, et le Français Lou-Adrien Fabre, 27 ans, sont les co-fondateurs de la start up Efaisto. Cette plateforme de commerce en ligne met en lien direct les consommateurs avec des artisans d’Asie du Sud-Est qui confectionnent du sur-mesure dans un esprit éthique à des prix abordables. Interview.

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Vous ne venez ni l’un ni l’autre du milieu de la mode. Comment est née l’idée d’Efaisto? 

Bernard: En effet, moi je suis arrivé au Vietnam en 2012 où j’ai travaillé pour une grande entreprise dans le domaine du chocolat. Lou-Adrien travaillait comme ingénieur informatique dans les jeux vidéos et le développement. On a tous les deux quitté un bon job avec un bon salaire pour se lancer dans l’aventure d’Efaisto! Nous avons vite  été fascinés par l’énergie créative qui règne dans cette ville. Il y a ici des compétences ancestrales, depuis longtemps oubliées en France, exceptionnelles. Personnellement, j’ai toujours fait faire mes vêtements ici. Je n’aime pas les centres commerciaux et les produits que l’on voit sur tout le monde, partout. Les touristes et nos amis font eux-aussi faire des vêtements sur-mesure quand ils viennent à Hô Chi Minh. Ville.

Lou-Adrien: En Europe, le sur-mesure est réservé à une certaine élite, ça coûte cher. Pourtant, l’une des grandes tendances de la mode qui est aussi une tendance sociétale, est que tout le monde veut être unique. Et dans beaucoup de domaines, la personnalisation est l’un des principaux facteurs de vente. Nous voulons démocratiser l’accès au sur-mesure dans le respect du consommateur et de l’artisan.

D’où l’idée d’Efaisto, qui va à l’encontre de la Fast Fashion et tout ce qui l’accompagne: délais serrés, fabricants mal payés, flot d’invendus… Comment fonctionne Efaisto?

Bernard: Nous voulions mettre en valeur les compétences de ces artisans qui font un travail de qualité. L’idée est de rapprocher le consommateur de celui qui fabrique. Qui fait mes vêtements ou mes chaussures? Créer ce lien direct permet aussi de rétribuer très correctement les artisans. Sur Efaisto, ils ont le contrôle absolu sur leur prix de vente et reçoivent jusqu’à 85 % net du prix payé par le consommateur.

Lou-Adrien: Et inversement, les artisans sont eux-aussi satisfaits de savoir à qui ils vendent, pour qui ils fabriquent. Nos clients sont essentiellement en Europe, à Hô Chi Minh Ville, à Singapour et en Indonésie. Nous nous inscrivons dans une deuxième tendance mondiale qui est celle de l’économie collaborative (un échange de biens et de services entre particuliers), qui passent souvent par des plateformes en ligne. Sur notre site, chaque artisan a sa page, son nom, sa photo, son histoire et reçoit une note du client visible par tous.

Le sur-mesure permet aussi d’éviter le gaspillage…

Bernard: Oui, chaque produit est fait à la demande, les artisans n’ont pas de gros volumes de production, de quantités de commandes minimum ou de canevas à suivre.  On réduit nettement les déchets et les invendus. Chaque produit peut être customisé. Sur le site figure ce que proposent les artisans mais on peut personnaliser chaque produit. Nous travaillons avec 40 personnes qui vont du tailleur au fabricant de chaussures en passant par le fabricant d’accessoires en cuir.

L’aspect « éthique » est-il  un facteur de vente ou une nécessité morale dans votre vision du commerce?

Lou-Adrien: C’est un bonus. Tu ne peux pas uniquement te baser sur la bonne conscience des gens; on fait du business en faisant quelque chose de bien. Ce modèle va prendre de l’ampleur et va faire évoluer les mentalités. Nous croyons à l’idée de faire de l’éthique sur mesure à un prix abordable. Tu achètes une expérience, celle d’un homme ou d’une femme. Finalement, tu n’achètes même plus un produit! Tu achètes plus que ça…

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Le duo franco-belge a lancé officiellement Efaisto le 21 avril dans le cadre de la Fashion Revolution, #WhoMadeMyClothes.

 

The New District

Si vous voulez avoir une idée des goûts vestimentaires de la jeunesse saigonnaise, allez faire un tour au New District. C’est une sorte de marché aux puces (un « flea market » comme on dit), un bazar où se côtoient des dizaines de jeunes marques vietnamiennes sous le hall du Cargo, un grand hangar à vocation à la fois culturelle et commerciale au bord de la rivière Saïgon. The New District a lieu régulièrement tous les deux mois (ou plus) au cours d’un week-end. Hier, c’était la troisième fois que je m’y rendais et je ne m’en lasse pas. On y trouve de tout ou presque: des vêtements essentiellement mais aussi des accessoires pour smartphones, des casquettes, des lunettes, des chaussures… et un DJ qui domine l’espace gigantesque du Cargo.

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J’aime surtout y aller pour côtoyer cette jeunesse saïgonnaise branchée et connectée qui aime s’habiller et tenter des looks parfois décalés. Cette jeunesse-là n’est pas la jeunesse aisée d’Hô Chi Minh Ville qui préfère faire du shopping dans les grands centres commerciaux et acheter des marques internationales… beaucoup plus chères. Non, ces jeunes de moins de 25 ans ont des moyens financiers limités et savent qu’ici, ils pourront se faire un style à moindre coût. Et des idées, ils en regorgent. Certes, on trouve de la qualité médiocre, à côté de vêtements vintage et autres accessoires bon marché. Mais on trouve aussi des marques comme Libé, dont j’ai déjà parlé et des dizaines d’autres vendues le plus souvent en ligne.

 

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On décèle parmi eux des influences japonaises et coréennes bien sûr, mais aussi américaines. Le street style fait fureur. Et les cheveux décolorés aussi.

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Les Vietnamiens ont aussi découvert les joies du tatouage, le vrai ou le faux… A Saïgon, on trouve beaucoup de tatoo éphémères au henné.

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J’ai terminé mon week-end avec un thé glacé à la pêche, au milieu de cette foule colorée et gaie. Une foule enthousiasmante et inspirante.

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Un voyage dans le temps

Camille Poussier a parcouru un long chemin. En peu de temps. Derrière la grâce de ses gestes lents et aérés, la jeune styliste cache un savoir-faire indéniable. Ne pas se fier à ce qui semble être de la timidité. Camille Poussier est aujourd’hui une femme accomplie, sûre de ses choix et déterminée quant à l’avenir. Au fait, Camille est Corse…

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J’avais rencontré Camille Poussier voilà plus de deux ans. A l’époque, elle venait de lancer sa marque de vêtements pour femmes, Nua. Elle avait 30 ans et la folle envie de créer. Créer « pour une femme mystérieuse, élégante et féminine. » Dans sa tête, déjà, il y avait les femmes de Corto Maltese. « Il y a toujours, assure-t-elle. Et le voyage. »

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Camille Poussier est arrivée au Vietnam en 2011. A Paris, elle travaillait dans le milieu de l’édition, après des études en anthropologie, spécialité Asie. « J’ai toujours aimé le processus de création, y compris avec les mots. » Camille a des fourmis dans les jambes. Elle décide de partir tenter l’aventure au Vietnam, avec, derrière la tête, une envie de créer des vêtements. La jeune femme a de qui tenir: « mes deux grands-mères ont toujours fabriqué leurs vêtements. L’une était Corse vivant au Maroc, l’autre, épouse de diplomate. Elles m’ont transmis le goût des matières et des couleurs. J’ai retrouvé des robes d’ambassade avec des broderies afghanes… Des choses magnifiques! J’ai hérité de la machine à coudre de ma grand-mère maternelle. » De sa propre mère, elle héritera d’un goût prononcé pour le vintage. Pendant cinq ans, elle vend des vêtements vintage sur Internet et chine à Paris. Beaucoup. « J’ai récolté énormément de matières, des vieux rubans, des dentelles etc. J’ai aussi collectionné des patrons des années 1900 aux années 80. C’est ma base de travail aujourd’hui. »

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Copyright Nua

Pour sa dernière collection, intitulée ORIHIME (tisseuse en japonais), Camille a utilisé beaucoup de ces trouvailles merveilleuses. « J’ai utilisé ces vieilles dentelles françaises faites à la main de la génération de ma grand-mère pour les intégrer à des tops dos-nus. Il y a aussi ces rouleaux de mousseline de soie faite en France que j’intègre à des tops ou des foulards. » Camille a également eu la chance de rencontrer Maïko, fondatrice de l’association Maïko Project, dont les patchworks surpiqués sont d’une grande beauté. « Grâce à elle, j’ai réalisé des patchworks japonais avec des chutes de tissus (Camille s’est engagée contre le gaspillage de matières) en cols, en ceintures et en foulards. »

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Copyright Nua
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Copyright Nua

Le coton, le lin et la soie sont ses matières préférées. « J’aime ce qui est flou mais seyant. J’essaie de réaliser des modèles féminins sans entraver le corps de celle qui les porte. La femme que j’habille? Je la vois naturelle et lumineuse. J’aime les coupes basiques mais fluides, j’aime ce côté habillée sans l’être. Je tente de trouver un équilibre entre des modèles casual et des vêtements plus raffinés. » Pour cette collection ORIHIME, la jeune styliste a préféré les basiques comme le no-short, le pantalon de marin, le top caftan… dans des couleurs pastel fraîches et douces.

Et puis, il y a la collection homme. Car depuis février dernier, Camille Poussier habille aussi les messieurs dans des modèles très masculins. « L’homme Nua est un baroudeur, mais tout en élégance. Comme Corto Maltese. C’est un voyageur raffiné. Il a besoin de vêtements confortables et un brin habillés. » Elle travaille le coton et le lin dans des couleurs aquatiques, des camaïeux de bleus, du vert cendre, du kaki et du beige… pour réaliser des chemises, des pantalons, des vestes et des foulards. Des accessoires aussi: « le noeud papillon marche très bien! »

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Copyright Nua

Camille Poussier a des projets plein la tête. Un retour prochain en Corse, l’ouverture d’un magasin sur sa terre natale tout en gardant sa production  au Vietnam. De ces 4 années passées ici, Camille garde le souvenir d’une « étincelle ». « Ce temps-là s’est révélé être une formation formidable tant humainement que professionnellement. Tu démarres petit mais tu as le temps de grandir tranquillement. Tu as accès aux matières, aux artisans et aux fabricants. Et puis j’étais inspirée aussi par toutes ces communautés différentes; il y a un vivier incroyable en termes de cultures, de langues, d’énergies, de projets! Tu te sens portée parce que cette ville et ce pays ont cette dynamique incroyable. «  Voilà c’est fait. Nua s’est envolée.

La marque Nua est en vente à Studio Co, dans le district 2, chez House of Saigon derrière le marché de Ben Thành à Hô Chi Minh Ville; à Paris à l’Atelier Haut-Perché dans le 17e et bientôt à Sartène en Corse.

Padma de Fleur

 

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Padma de Fleur est un lieu peu banal. C’est avant tout un magasin de fleurs. Mais à l’heure du déjeuner, l’endroit se transforme en restaurant et dispose de peu de tables. Mieux vaut réserver. Car il règne ici une atmosphère extrêmement paisible qu’il faut préserver. Où que vous soyez, votre regard sera immanquablement attiré par un magnifique bouquet de fleurs fraîches ou une composition simple et délicate. Toujours très colorée. C’est dans une rue peu fréquentée du district 1 qu’il faut se rendre. A l’intérieur d’une ancienne petite maison saïgonnaise, la maîtresse des lieux, Quynh Anh, a tenu à conserver les murs tels qu’ils étaient, recouverts de cette peinture à la chaux bleue si emblématique au Vietnam. Quitte à garder leurs meurtrissures dans un esprit de conservation ultime. Quitte à laisser le visiteur imaginer librement ce qu’a pu être un tel endroit avant.

 

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Côté goût, il faut se laisser surprendre. Car il n’y a qu’un menu unique, qui change tous les jours. Ce jour-là, j’ai eu droit à une soupe de légumes aux herbes et au bouillon délicieux, des cuisses de poulet bien relevées, du riz bien sûr, une salade de champignons noirs et pour finir, un chè, ce dessert typiquement vietnamien aux graines de lotus baignées dans un sirop glacé.

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Et ce jour-là, j’étais en avance. Le moment et l’envie ont créé une jolie rencontre avec celle qui m’est apparue comme un personnage hors norme, ici, au Vietnam. Quynh Anh, toute menue dans sa robe noire, semble aussi légère qu’un pétale de rose. Elle ne se départit jamais de son sourire ou si peu. Elle fume. Ce qui est très rare pour une femme à Saïgon, plus commun à Hanoï. Elle a les cheveux courts mais je devine qu’elle les a coupés il y a bien longtemps, bien avant que la mode n’apparaisse ici chez les jeunes Vietnamiennes. Car de ce petit bout de femme s’échappe un esprit de liberté incroyable. Quynh Anh est née à Hanoï. Elle est arrivée ici avec ses parents à l’âge de trois ans. Elle m’explique qu’elle travaillait dans la publicité. Et qu’elle en a eu assez de sa vie stressante, dans une société où l’argent tenait une place importante. Elle a ouvert un premier Padma de Fleur en 2007 après avoir quitté son métier. Mais ça n’a pas marché. Quynh Anh s’est laissée porter. On devine que ses nuits étaient, alors, plus longues que ses jours. A ce moment-là de notre conversation, son visage s’assombrit. Le temps d’une seconde. Et s’émerveille de nouveau lorsqu’elle raconte: « J’étais assise à un café dans la rue, près de la cathédrale, je regardais le mouvement autour de moi. Un ami que je n’avais pas vu depuis longtemps me voit et me demande ce que je deviens. Que lui répondre? Il m’a mise en relation avec l’association Saigon Children Charity. Là, les adolescents ont appris à faire des bouquets. Je les ai formés et je les ai tous pris dans mon équipe. » La suite, c’est la renaissance d’un Padma de Fleur en 2011. Cette fois-ci était la bonne. Un des adolescents s’est révélé talentueux. Il est aujourd’hui « flower designer » et travaille avec Quynh Anh qui participe à la décoration lors de shooting ou d’événements mondains.

Aujourd’hui Quynh Anh semble avoir trouvé l’endroit qu’elle cherchait. Celui qu’elle s’est construit elle-même. « C’est important d’être dans un environnement où on se sent bien. Libre. Je souhaite que tous ceux qui viennent ici puissent trouver un moment de quiétude. La vie est stressante, tout va très vite. Ici, ils n’ont pas besoin d’être quelqu’un d’autre. Ils sont juste eux-mêmes. » A l’image de Quynh Anh.

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Blue Berry Night

 

 

Blue Berry Night Home decor, c’est une histoire comme il en existe beaucoup dans le monde des expatriés. Des femmes expatriées, devrais-je dire. C’est l’histoire d’une reconversion. Celle d’un nouveau départ. Ariane Desaedeleer  vit en Asie depuis une quinzaine d’années. Economiste de formation, elle a abandonné son job pour pouvoir s’expatrier avec son mari. Elle s’est installée au Vietnam voilà plus d’un an, en provenance de Chengdu, en Chine. Là-bas, Ariane s’était lancée dans le stylisme et la confection de vêtements pour enfants en créant sa marque, Petit Lapin.

Virginie Nocquet est arrivée de France avec sa petite famille voilà deux ans. Elle était déjà en pleine reconversion professionnelle, dans le domaine de la tapisserie d’ameublement.

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Toutes deux se sont rencontrées à Hô Chi Minh Ville, se sont découvert des points communs et l’envie de se lancer dans la déco et le linge de maison. Ariane avait ramené dans ses cartons plusieurs mètres de tissus achetés en Chine. Ce fameux tissu coloré parsemé de pivoines et de phénix. En  France, déjà, ce design avait beaucoup plu. « En Chine, j’ai trouvé des tissus plus originaux.  Je les ai montrés à Virginie. Comme on avait du mal à trouver des coussins de tailles différentes, autre que la taille standard, et des plaids légers pour nos enfants, on a décidé de créer notre propre ligne », raconte Ariane.

Et comme tout se sait très vite dans le petit monde des expatriés, elles ont vite découvert l’existence de Fair Fashion, une entreprise de confection éthique, qui travaille à la fois pour des marques locales comme pour des marques internationales. Puis marketing, logo, stylisme… Ainsi est née Blue Berry Night, en référence au film de Wong Kar Waï, My blueberry nights.

« On a commencé par des ventes privées, comme tout le monde. Puis on a ramené nos premiers produits en France pour les tester dans quelques boutiques, explique Virginie. Nous ne ciblons pas uniquement l’Asie mais plutôt l’Europe et la France. » Car elles ont bien l’intention d’en faire leur métier. Loin d’être un hobby pour femmes en mal d’occupation, elles sont décidées à développer leur marque. Celle-ci est désormais en ligne sur le site www.blueberrynightconcept.com, un concept store qui distribue les produits de designers et créateurs en Asie du sud-est. A suivre…

Aujourd’hui, elles réalisent également des pochettes, des trousses de toilette et des sacs en plus des plaids et autres coussins aux formats différents. Des accessoires qu’elles font faire par les petites mains merveilleuses de l’association FFSC, Friends for Street Children, association que je connais moi-même personnellement très bien pour le travail remarquable qu’elle réalise avec les enfants défavorisés.

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