Le Vietnam en format court

François Leroy et Stéphanie Lansaque réalisent des courts-métrages inspirés du Vietnam et sa société. Leurs films d’animation sont d’une grande beauté esthétique et d’un réalisme saisissant.

 

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Une étincelle. Lorsque François Leroy et Stéphanie Lansaque se rendent pour la première fois au Vietnam en 2002, ils tombent sous le charme d’un pays qui ne cessera de les rappeler à lui. « C’était un voyage touristique de 3 semaines, se souvient Stéphanie. Nous nous sommes sentis à l’aise de suite. Il y avait quelque chose de familier. Toute cette vitalité, ces gens attachants… » A l’époque, François est encore étudiant à la prestigieuse Ecole des Gobelins à Paris. Stéphanie, après être passée par la section Design et textile de l’école Olivier de Serres, est graphiste.

Comme une évidence, les deux artistes décident de se lancer dans le film d’animation, inspiré par le Vietnam. Ils reviennent plusieurs mois à Hô Chi Minh Ville et à Hanoi. Commencé en 2003, achevé en 2005, leur premier court-métrage, Bonsoir Mr Chu, annonce d’emblée un style qui leur est personnel : le film superpose des techniques mixtes, de dessin manuel et de dessin numérique, en y ajoutant de la vidéo et de la photo. Il leur faut un an et demi pour fabriquer un court-métage. Au fil des années, ils ont développé leurs propres logiciels qui leur accordent une plus grande mobilité. Ils passent ainsi entre 4 et 6 mois par an au Vietnam. « Installés dans la rue à siroter un cafe dà, on observe. On discute aussi pas mal, on a beaucoup appris », assure François. Ils parlent le vietnamien qu’ils ont appris, entre autres, grâce à la propriétaire de la guesthouse où ils posent leurs valises chaque fois qu’ils viennent à Hô Chi Minh Ville. « Tintin en vietnamien, ça marche aussi! » Ils se disent « intégrés. On ne fréquente pas l’élite, précise François. D’ailleurs, nos films parlent de ces gens que l’on voit dans la rue. C’est leur quotidien qui nous intéresse. »

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Bonsoir Mr Chu
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Fleuve rouge

Stéphanie ajoute : « Pour Bonsoir Mr Chu, nous ne connaissions pas encore assez bien le pays, on ne pouvait pas s’attaquer à des sujets sociaux. Nous nous sommes inspirés de contes traditionnels. » Leur deuxième court-métrage, Mei Ling se déroule en huit-clos dans un appartement de Hong-Kong. La jeune femme attend son amant, alanguie sur son lit, sous les yeux d’un poulpe qu’elle aura adopté pour tromper son ennui. Le court-métrage, sélectionné dans 24 festivals autour du monde recevra autant de prix. Suivront Fleuve rouge en 2012, leur film le plus politique et Café froid en 2015, tous primés également. Café froid se penche sur le destin d’une jeune fille, à Hô Chi Minh Ville, qui perd sa mère dans un accident et se voit contrainte de reprendre le café familial tout en abandonnant ses études. Le film dévoile une atmosphère lourde et oppressante pour s’achever dans une violence sans fard.

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Mei Ling

« Nous avons développé une approche presque documentaire, explique Stéphanie. On veut surtout éviter le mélo quand on aborde des sujets graves. Dans Café froid, la vie est dure. Parce qu’elle l’est pour des millions de Vietnamiens. La violence psychologique, les conditions de vie difficiles, travailler toujours et encore, le jour, la nuit… C’est la réalité. »

Leurs films sont d’une grande beauté esthétique. Derrière une palette de couleur dominée par le rouge (l’influence chinoise), le vert (la végétation luxuriante et les rizières), le doré (« cette lumière chaude, surtout à Hanoi où elle est encore plus jaune ») et le bleu (« ce bleu magnifique du ciel au crépuscule, entre chiens et loups »), il y a les jeux de lumière: « nous faisons beaucoup de nuit américaine ». Il y a aussi les détails graphiques d’un carrelage ancien, le mouvement délicat d’une libellule aux ailes translucides, le souffle léger d’un courant d’air dans une chevelure noire de jais… Et la musique. Tout y est. Le Vietnam est là. Beau et troublant.

François Leroy et Stéphanie Lansaque préparent un cinquième court-métrage, Cadavre exquis, racontant les errances d’un chien dans le vieux quartier de Hanoi. Ils travaillent également sur un long-métrage dont l’histoire débute au Vietnam et se termine au Cambodge. A suivre…

 

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