Il y a encore 6 ans, ils ne connaissaient rien au cacao. Aujourd’hui, Samuel Maruta et Vincent Mourou sont à la tête de la société Marou, fabricants de chocolat au Vietnam. Reconnu comme un grand cru de qualité à l’identité forte, Marou se vend désormais partout dans le monde.

C’était en novembre 2012. Nous étions quatre et deux motos. Samuel Maruta, Vincent Mourou, le photographe français Laurent Weyl et moi. Au petit matin, nous nous sommes retrouvés pour partir en reportage à My Tho dans le delta du Mékong et visiter des plantations de cacao où les deux Faiseurs de chocolat sélectionnent le meilleur des fèves. C’était mon premier reportage au Vietnam pour un magazine français (Les aventuriers du chocolat paru dans le Figaro magazine en novembre 2013). Et le début d’une aventure fabuleuse pour Samuel et Vincent. A l’époque, l’histoire s’écrivait ainsi…
« Dans la chaleur humide de cette fin de matinée, les deux compagnons d’aventure achètent du cacao en terre vietnamienne. Cette aventure-là a le bon goût du chocolat. L’amertume n’est pas toujours synonyme de tristesse et celle du cacao a donné des ailes à deux amis qui se sont rencontrés au Vietnam il y a peu. De leur vie d’avant, ces deux hommes d’à peine 40 ans, ne laissent filtrer que quelques détails. Débarqué en 2007 à Saigon avec femme et enfants pour un poste de direction dans une banque, Samuel a choisi de rester sur place après son contrat de trois mois. Il rencontre Vincent qui arrive des Etats-Unis où il a passé la majeure partie de sa vie… »
Ils se croisent donc une première fois en pleine jungle lors d’un trek. Ils sympathisent, se croisent encore à l’université de Saigon où ils prennent des cours de vietnamien. Et découvrent qu’ils veulent faire tous deux « quelque chose dans le chocolat ». Jusqu’à ce jour où ils se rendent en moto dans les collines de la province côtière de Ba Ria, au sud du Vietnam sur l’exploitation de Mr Duc, où ils achètent leurs deux premiers kilos de fèves. La confection de leur première barre de chocolat reste un souvenir inoubliable.


« Ils grillent leurs fèves dans le four de la cuisine familiale et passent leur production au blender… qu’ils explosent littéralement. Du fait maison. Ils obtiennent leur première barre de chocolat dans un fond de moule à cake. »
Mais ça marche! Au bout de six mois, ils ouvrent leur premier atelier, dénichent sur e-bay un torréfacteur datant de 1937 qu’ils font venir de France par bateau et rapportent leur première petite meule en pierre du quartier de Little India à Singapour. Les deux compagnons d’aventure commencent à produire des grands crus composés uniquement de cacao et de sucre de canne produits au Vietnam.

Aujourd’hui, la marque propose 9 variétés différentes et 3 tablettes en édition limitée. Trois tonnes de chocolat sortent de la fabrique tous les mois, fabriqués avec du cacao provenant de six provinces vietnamiennes. L’été prochain sortira une nouvelle variété produite à partir de fèves du Dak Lak, située sur les hauts plateaux du Centre Vietnam. Marou, distribuée aujourd’hui dans une vingtaine de pays (Europe, Etats-Unis, Canada, Japon etc) a augmenté sa production et l’équipe s’est étoffée pour passer à une trentaine de salariés, et bientôt 50! Car Marou a encore un beau projet dans son sac de toile de jute: l’ouverture en mai prochain d’une boutique-chocolaterie… Un salon de thé où l’on pourra acheter ou déguster sur place tablettes, bonbons, pâtisseries et boissons savoureuses. Et surtout assister en direct à la fabrication de chocolat dans un espace attenant au salon. Marou a changé?
« Non, Marou n’a pas changé, assure Samuel Maruta. Nous avons gardé le goût, l’authenticité et l’esprit d’aventure de la marque. Sans oublier une forte identité attachée au terroir vietnamien. » Vincent ajoute: « Nous sommes fidèles à nos valeurs avec toujours une dimension de partage, d’où l’idée d’expérimenter ce moment unique de la fabrication du chocolat dans la prochaine boutique. » Chaque tablette est toujours emballée à la main dans un très beau papier au design vintage inspiré des papiers votifs du Vietnam.
L’histoire continue donc…
« A l’heure où la lumière n’est jamais aussi belle que dans la douceur du crépuscule asiatique, les deux voyageurs s’agrippent à leurs scooters, dépassent les éclats de rire de jeunes Vietnamiennes à vélo. Libres comme l’air. Puis, dans la nuit noire à peine éclairée, parfois, d’un néon domestique, ils filent à vive allure rejoindre Saïgon la tumultueuse. Emportant avec eux un peu de cette liberté qu’ils semblent ne jamais vouloir abandonner. »
Toutes les photos (sauf la dernière de ce post) ont été prises en novembre 2012 dans le cadre du reportage réalisé par le photographe Laurent Weyl. Voyez son travail et ses reportages sur le site du collectif Argos auquel il appartient.
Génial ! J’ai visité leur atelier en Février 2015. Leur histoire est passionnante et inspirante. Mon mari ne jure plus que par le chocolat Marou (personnellement, j’aime les chocolats un peu plus sucrés) et nous sommes donc devenus des clients fidèles. Leur édition limitée « Treasure Island » est un délice (même pour moi, qui ne suis pas amatrice de chocolat noir) presque introuvable dont ils ne produisent qu’un petit millier de tablettes chaque mois. Mon conseil : si vous en trouvez, faites-en un stock !
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Merci Marie!
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